BATIR AFRICA

AVEC L'AMOUR ON PEUT GUÉRIR (3)- (NENE Fatou)

Quelques jours après son retour chez elle, elle accueillit son amie d’enfance, revenue de sa mission dans l’Ouest du pays.

Celle-ci lui fit le compte – rendu de son voyage. Le travail à mener sur le terrain était énorme, les chiffres alarmants, la frange de la population la plus atteinte était les moins de dix-sept ans ; cette situation était aggravée par le manque d’infrastructures adéquates. Ce qui avait anéanti les efforts faits avant la crise qui avait secoué le pays, lors des campagnes de sensibilisation contre le VIH-SIDA.

Au cours de cette mission, Namba avait fait la connaissance d’un jeune homme : Kambiré Franklin. Selon ses propres termes, c’était un garçon charmant « viable ». Mais son unique défaut serait qu’il ne voulait pas entendre parler de dépistage du VIH-SIDA. Même si elle se sentait fortement attirée par lui, elle ne souhaitait pas s’engager véritablement sans connaître son statut sérologique. Ce dernier affirma que l’essentiel était qu’il était bien portant. Oui, il existe malheureusement des personnes qui refusent d’aller faire le test de dépistage. Le débat sur le VIH dura encore un long moment, car sur ce sujet Namba était vraiment intarissable.

Ayaba l’informa, à son tour, de ses visites au Centre des Orphelins du VIH-SIDA. Son amie était déjà au courant ; puisqu’elle appelait souvent Mme Amoa pour avoir les nouvelles des enfants ; et elle le lui avait dit.

Les deux amies regagnèrent leur chambre tard dans la nuit. Elles avaient beaucoup de choses à se dire. C’était toujours ainsi, lorsqu’elles se retrouvaient. Namba comptait bien profiter de ses quelques jours de vacances, aussi décida –t– elle d’aller faire les boutiques avec Ayaba dès le lendemain. C’était leur hobby préféré : flâner dans la ville à la recherche de bonnes affaires.

Tôt le matin, après le petit déjeuner, les deux amies partirent en ville pour leurs emplettes. Elles avaient passé la journée à écumer les magasins et n’avaient eu de répit que lorsque la faim les tenailla. Elles firent une halte au maquis les « côcômans » à Treichville, pour manger.

Ce ne fut qu’à 16h qu’elles rentrèrent à la maison.

- C’est ce qu’on appelle une journée bien remplie, déclara Namba. Ma puce, je propose qu’on se repose un peu avant de déballer notre butin, continua – t – elle en riant. Je vais nous chercher du jus d’orange. Et pour ce soir, je cuisine. Avec ce que nous avons mangé ce midi, je propose de la salade au thon, qu’en dis-tu ?

- C’est parfait, acquiesça Ayaba. J’ai plutôt envie de piquer un petit somme.

- Paresseuse, vas ! Mais prends ton jus d’abord.

N’eut été l’insistance de Namba, Ayaba aurait dormi jusqu’au lendemain. Les deux amies discutèrent autour de leur repas.

- Je pense que tu dois être plus souple avec Franklin ; si toutefois tu ressens quelque chose pour lui.

- Télépathie quoi ! Wahou, s’exclama Namba

- Comment ça ?

- J’y pensais justement ; et je me projetais « au loin », avec un mariage et en prime l’adoption de Désiré, répondit – Namba en éclatant de rire. Sérieusement, je crois que ; pas je crois même, je suis amoureuse pour de vrai. Lui aussi, je le sens, même s’il se la joue. Et encore, il aime Désiré et les deux s’entendent bien. Cependant c’est son refus de faire le test de dépistage VIH – SIDA qui me freine.

- Je sais que tu n’es pas à cours d’argument. Vas – y doucement, mais fermement avec lui. Surtout montres-lui que tu l’aimes, tu arriveras à le convaincre.

- Ok.

- J’ai appris de la vie qu’il faut montrer et démontrer pourquoi pas, notre amour aux personnes qui nous sont chères. Je ne ferai donc pas mienne, cette citation qui ditqu’un ami,c'est comme un compte en suisse : on n'a pas besoin de le voir,on a juste besoin de savoir qu'il existe. Moi je veux te voir, je t’aime Ma Namba et merci d’être là !

- « Zazei quoi za », s’esclaffa Namba. Ko, il faut chercher à me caser, et toi tu me déclares ta flamme !

- T’ès bête dêh ! Et c’est pour cette raison que je t’aime.

- Moi, je t’aime plus que tu m’aimes, t’as pas idée ?

- Qu’est – ce que t’en sais ?

Discussion stérile. Et toutes deux éclatèrent de rire.

- Ça fait du bien, il ya longtemps que je n’ai pas ri autant.

- Oh yes ! ça augmente l’espérance de vie.

- En tout cas, meilleur moyen de fuir le stress.

- Ma copine, on a parlé de moi. Mais toi, où en es – tu avecEry ? Elle fit celle qui ne voyait pas l’air étonné de son amie et continua. Il en pince grave pour toi.

- Ah bon !

- Tu fais exprès ou quoi ? Lors de notre dernière visite au centre, il n’avait d’yeux que pour toi. Il a déployé la grande artillerie ; mais non Miss Iceberg n’a pas fondu.

- Tu exagères là !

- Du tout, « je l’ai pris en pitié », quand tu te cachais derrière moi, continua Namba en riant. Il voulait rester en ta compagnie, mais tu étais sur mes talons.

- Je n’ai pas compris ce qu’il voulait, fit Ayaba d’une petite voix.

- Bon ma fille, décida Namba, je prends les choses en main. Fini le célibat pour nous deux cette année. C’est un brave gars, dit-elle avec un large sourire, il fera ton bonheur. Je ferai le nécessaire.

Ayaba ne répondit pas, car elle savait que lorsque Namba avait une idée en tête, rien ne pouvait la contraindre à en démordre.

- Il est temps d’aller se coucher ; tu sais que je reprends le service demain. Et pour le premier jour, je souhaite leur faire bonne impression.

- Ok, aller dodo ! Surtout ne t’inquiètes pas, je gère.
NENE Fatou.

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10/07/2013
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