LE RAPPORT DE SINISTRE A PRIME OU LOSS RATIO
Le ratio de sinistres/primes est un ratio, calculé par les assureurs, qui met en rapport le coût des sinistres avérés et évalués ainsi que les provisions divisés par le montant total des primes acquises
Ce ratio de sinistres/primes est un indicateur particulièrement utilisé par les assureurs afin de trouver le meilleur équilibre tarifaire compte tenu des sinistres constatés.
Il est souvent désigné sous les vocables suivants : rapport de sinistre à prime, rapport combiné, ratio combiné, ratio de sinistre à prime ou encore loss ratio
Il est calculé de la manière suivante : coût des sinistres/ primes encaissés. Il est utilisé par les compagnies d'assurances. Il peut être pris de manière individuelle pour chaque assuré, ou de manière globale pour déterminer la rentabilité de l'activité. Si le ratio est supérieur à un, cela signifie que la compagnie d'assurance est déficitaire. En effet, les dépenses sont supérieures aux recettes. Dans la plupart des cas, ce ratio est cependant inférieur à un au niveau de chaque assuré. C'est l'ensemble de ces gains qui permet à la compagnie de compenser les assurés qui leur font perdre de l'argent. Sauf causes exceptionnelles, telle qu'une tempête comme celle de 1999 en France, les compagnies d'assurances dégagent un bénéfice de leurs exercices. De plus, si un assuré coûte trop chère, il verra sa prime d'assurance augmenter. Plus un assuré présente de risque, plus la prime versée sera importante. La prime dépend aussi du type d'assurance auquel souscrit l'assuré, assurance multirisque ou non. Par ailleurs, les compagnies d'assurances placent souvent une parties de primes encaissés sur le marché, en achetant notamment des obligations d'état qui présentent peu de risque mais offre une rentabilité quasi certaine. De part les montants investis, c'est une source de revenus non négligeable pour les compagnies d'assurances. Elles ne peuvent cependant pas investir dans des produits trop risqués car en cas de sinistres graves à couvrir, elles doivent pouvoir répondre à une hausse brutale des coûts, normalement couverts par le montant des primes versées.
Une activité bien organisée.
Les relations de coopération dans le cadre de la conférence interafricaine des marchés d’assurance (Cima) ont permis à quatorze Etats membres de la zone franc de créer un environnement des assurances relativement prospère sur le continent. A travers le Code Cima, qui est un cadre juridique commun, l’activité d’assureur est désormais organisée, avec pour objectif, entre autres, de faciliter les conditions du développement et l’assainissement des entreprises d’assurance. Ainsi, chaque compagnie d’assurance qui veut exercer ses activités dans un Etat membre de la Cima est soumise à l’obtention d’un agrément, délivré après le respect de certains critères. Au nombre de ces conditions, la forme juridique de l’entreprise. Pour ce faire, l’on peut constater l’existence de deux formes de sociétés mises en évidence dans le traité Cima. Il s’agit de la société anonyme pour les sociétés commerciales, et la société d’assurance mutuelle pour les sociétés civiles (Cf Art. 301du Code des assurances). Cette restriction du législateur répond au souci de créer des garanties suffisamment importantes pour les créanciers. Ce qui explique que la société anonyme a un capital social très important. De 500 millions FCFA, ce capital social est passé à 1 milliard FCFA pour la S.A. et de 300 millions à 800 millions pour les sociétés d’assurance mutuelle. Cette augmentation étant intervenue en avril 2007, les assureurs avaient un délai de trois ans pour s’y conformer. Les structures qui n’ont pas suivi le pas se sont vu retirer leurs agréments par la Commission régionale de contrôle des assurances (CRCA).
Outre cette exigence, la Cima fait obligation aux compagnies d’assurance de céder 5% de tous leurs traités à Africa-Re et 15% à Cica-Re. Une précaution qui permet de couvrir de gros risques auxquels l’assureur ne peut faire face. L’une des spécificités du Code est qu’il fait intervenir les intermédiaires d’assurance. Ces derniers sont habilités à présenter les opérations des compagnies d’assurance. Il s’agit des agents généraux d’assurance et les courtiers. Ceux-ci sont subordonnés à une obligation de garantie financière pour sécuriser les assurés et pour se protéger eux-mêmes. Cette disposition est mise en évidence dans l’art. 524. A quelques exceptions près, elle est presque la même avec les courtiers qui doivent être couverts par une police d’assurance contre les conséquences pécuniaires de leur responsabilité professionnelle.
De l’accessibilité de l’assurance
Par ailleurs, «l’assurance peut être contractée en vertu d’un mandat général ou spécial ou même sans mandat, pour le compte d’une personne déterminée...», selon le législateur. Pour lui, l’intuitu personae n’est pas une exigence, ce qui est de loin le plus important, c’est la volonté de rendre l’assurance plus accessible. Cela se justifie quand on sait que certaines assurances sont obligatoires. En la matière, le Code spécifie que «toute personne physique ou toute personne morale autre que l’Etat (…) dont la responsabilité civile peut être engagée en raison de dommages subis par des tiers résultant d’atteintes aux personnes ou aux biens et causés par un véhicule terrestre à moteur (…) doit, pour faire circuler lesdits véhicules, être couverte par une assurance garantissant cette responsabilité, dans les conditions fixées». Cette réglementation excluant l’Etat s’applique aux personnes physiques et morales propriétaires de véhicule. En ce qui concerne les professionnels de l’automobile, ils doivent souscrire une assurance pour leur propre responsabilité, pour celle des personnes travaillant dans leur exploitation et celle des personnes ayant la garde ou la conduite du véhicule sous leur autorisation. C’est une assurance qui permet de couvrir les risques résultant de l’utilisation de véhicules qui leur sont confiés.
Une procédure d’indemnisation à pas de torture
Cependant, très peu de professionnels de l’automobile souscrivent à une police d’assurance pour leurs employés. L’assurance étant considérée, peut-être à juste titre, comme étant encore difficile d’accès pour bien des corporations. Le coût élevé a même conduit certaines compagnies à adopter un mode de paiement qui concilie facilité et efficacité. Il s’agit particulièrement du paiement à crédit. Malheureusement, ces facilités se sont heurtées à la réforme intervenue dans le Code Cima. Désormais, il est fait obligation à l’assuré de payer en totalité sa prime avant la prise d’effet de son contrat. Il n’est légalement plus possible de souscrire une assurance à crédit. Une loi entraînant une autre, interdiction est faite aux sociétés intermédiaires de collecter des primes et de les reverser aux assureurs l’année d’après. A l’avenir, les primes alimentent directement les caisses des assureurs après prélèvement d’une commission. Si cette nouvelle disposition ralentit l’activité de l’assurance dans un pays où le pouvoir d’achat est faible, elle devrait favoriser l’accélération de l’indemnisation qui, trop souvent, prend du temps. La procédure d’indemnisation commence par une offre dans ce sens. Elle comprend tous les éléments indemnisables du préjudice et est faite par l’assureur considéré comme le débiteur de l’offre. Il dispose d’un délai de douze mois depuis l’accident ou le jour dont il en est informé. Le créancier qui est la victime directe ou ses ayants droit peut dénoncer la transaction dans un délai de quinze jours à compter du jour où il a reçu l’offre. Toutefois, s’il n’a souffert que d’atteintes matérielles, l’assureur ne sera pas tenu de lui faire une offre selon le traité Cima.
Ebissié Gnamkey
Un code perfectible
La Cima, très largement inspirée des textes français, a connu des modifications pour s’adapter non seulement au développement du marché africain mais également aux réalités de nouveaux membres tels que la Guinée-Bissau, qui a fait son entrée le 14 avril 2002. Aujourd’hui, ce traité est traduit en anglais et certains pays s’en inspirent pour leurs législations nationales. Cependant, il ne demeure pas moins vrai qu’il est perfectible. La réglementation des sociétés d’assurances et celle portant sur les contrats, par exemple, souffrent de quelques insuffisances. Alors qu’elle fait obligation à la S.A. et à la société d’assurance mutuelle d’être les seules formes juridiques de société d’assurance, la Cima ne définit pas clairement le gouvernement de la société anonyme d’assurance. Certes, il est fait mention de l’agrément des dirigeants, le capital, le rapport spécial des commissaires aux comptes, les documents émis, mais rien n’est indiqué sur les différents organes de la société, sur leur mode de fonctionnement et sur leur responsabilité. Aussi, limiter le nombre de forme de société exclue-t-il, de facto, certaines assurances dites réservées aux personnes à faible revenu. C’est le cas de la micro-assurance dont une récente étude a révélé l’intérêt de sa prise en compte par la réglementation Cima. La micro-assurance existe en France et même aux Philippines où elle connaît du succès. Par ailleurs, le contrat d’assurance libellé dans la seule langue française, n’est pas accessible à tous. Il peut être simplifié pour ne retenir que les éléments essentiels. En la matière, l’Afrique du Sud a réalisé un exploit, réussissant à adapter ses contrats d’assurance au niveau d’instruction de sa population. A titre d’exemple, des contrats « prêts à l’emploi », remplis à l’aide d’une approche « cases à cocher » sont mis à la disposition des souscripteurs. Une innovation bien réaliste qui devrait inspirer la Cima. Ebissié Gnamkey
Connaître les grades dans l'armée Ivoirienne.
Selon l'agenda 2012 des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire les grades dans l'armée se présentent selon le tableau suivant:
Armée de terre |
Marine nationale |
Armée de l'air |
Officiers généraux |
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Général d'armée |
Amiral |
Général d’armée aérienne. |
Général de corps d'armée |
Vice-amiral d'escadre |
Général de corps d'armée aérien. |
Général de division |
Vice-amiral |
Général de division aérienne. |
Général de brigade |
Contre-amiral |
Général de brigade aérienne. |
Officiers supérieurs |
||
Colonel major |
Capitaine de vaisseau major |
Colonel major |
Colonel |
Capitaine de vaisseau |
Colonel. |
Lieutenant-colonel |
Capitaine de frégate |
Lieutenant-colonel |
Commandant |
Capitaine de corvette |
Commandant |
Officiers subalternes |
||
Capitaine |
Lieutenant de vaisseau |
Capitaine |
Lieutenant |
Enseigne de vaisseau 1 |
Lieutenant |
Sous-lieutenant |
Enseigne de vaisseau 2 |
Sous-lieutenant |
Aspirant |
Aspirant |
Aspirant |
Sous-officiers |
||
Adjudant chef major |
Major |
Adjudant chef major |
Adjudant chef |
Maître principal |
Adjudant chef |
Adjudant |
Premier maître |
Adjudant |
Sergent chef |
Maître |
Sergent chef |
Sergent |
Second maître |
Sergent |
Militaires du rang |
||
Caporal chef |
Quartier maître 1 |
Caporal chef |
Caporal |
Quartier maître 2 |
Caporal |
Soldat 1re classe |
Matelot 1 |
Soldat 1re classe |
Soldat 2e classe |
Matelot 2 |
Soldat 2e classe |
Je publie cette donnée pour permettre aux uns et aux autres une meilleure connaissance de la grande muette.
AINSI VA LA VIE (Shannen Rimphrey)
Ce sang sur ce goudron et ce corps étaient pour moi étranger. Je n'arrivais pas à reconnaître cet être étendu là, entouré de tout ce beau monde. Ces badauds qui essayaient tant bien que mal de comprendre comment cela était arrivé. Accident ou malentendu? Même moi, je ne savais et ne comprenais pas ce qui c'était passé. Cela avait été tellement rapide!...
Titulaire d'une maîtrise en histoire et géographie à l'université de Cocody, je me retrouve aujourd'hui avec ...que mes diplômes! Issu d'une famille pauvre, je n'ai su trouver en mes oncles nantis une quelconque aide, pour accéder à la prestigieuse école nationale d'administration. « Mon bras était court ». Très court même à ce qu'il m'apparaissait. Mais combien j'aurais voulu qu'il ait cette longueur qui ouvre les portes de l'emploi...
J'ai vagabondé dans les rues de la capitale, espérant trouver sous ce soleil agaçant une petite pitance pour me satisfaire la panse, sans m'en remettre à mes chers parents qui ayant tout fait pour m'offrir le savoir, devaient désormais se battre pour apporter à ma flopée de petits frères, neveux et cousins de quoi accéder eux aussi à ce grill sans pitié sur lequel sont jetés les "sans le sous" comme moi après leurs études.
J’ai fait beaucoup de métiers, je ne le nierais pas. Je me suis essayé à la gérance de cabine cellulaire. Expérience assez vite abrégée! La dame responsable de la cabine estimait que je laissais choir ses piécettes au détriment des beaux regards de la gente féminine. Il est vrai que les jeunes demoiselles adoraient se pavaner sous mon regard de ce temps là et me laisser tenter par le calice de leurs charmes. Mais là n'est pas le problème. Le fait est que j'ai dû abandonner ce poste pour me transformer en travailleur de chantier. Ah la douleur lancinante et si subtilement délicieuse des clous qui vous enfoncent le talon par le trou généreux de vos sandales... bref, les chantiers ayant tous une date d'achèvement, je me suis encore remis à la conquête d'un autre emploi qui me permettrait de louer ma couche dans ce bidonville avec des amis.
Ce matin quand je me suis levé et que je me suis décidé à faire comme mon ami Lassina, j'étais loin de me douter de la fin de ma journée. Je m'étais comme tous les autres, levé de bonne heure pour me rendre à la gare d'Adjamé, attendant les différents « massa ». Après deux voyages, j'avais assez vu les rudiments de ce nouveau métier et adopter les comportements à avoir, ce langage et ces attitudes propres aux apprentis.
Une journée magnifique, un soleil radieux. Je me demande bien ce que ma mère est entrain de faire. Sûrement entrain de vendre ses tomates au marché, sourire aux lèvres, la mine avenante. Toujours une belle parole pour tout un chacun... et mon père, rabotant durement mais avec aisance la planche soit pour faire une chaise ou pour faire une table... mes parents me manquent!
D’un regard encore hagard, j'observais ce jeune avec qui je m'étais disputé quelques minutes plus tôt. Il semblait perdu, déboussolé. Dans un coin du trottoir, le chauffeur du « massa », la tête entre les mains, les jambes flasques, semblait tout aussi hébété. Personne n'arrivait à comprendre et personne ne me demandait. D’ailleurs, personne ne semblait se rendre compte de ma présence. Je pris alors mon temps pour "m'affairer" sur ce jeune homme étalé, le cerveau aux quatre coins de la chaussée. Il était jeune. Je dirais même qu'on pourrait avoir le même âge. Il avait assurément reçu un choc, ou... le « massa » lui avait marché sur la tête. Oui, je pense que c'était cela. Pendant que j'y pensais, ma dispute portait sur quoi déjà? ...ah oui, ce jeune syndicaliste me réclamait 1000 FCFA pour un chargement de 8 personnes. À ma connaissance, les hommes n'étaient pas des animaux que l'on devait acheter auprès d'autres. Mais Lassina m'avait déjà prévenu de cela. Il m'avait demandé de jouer les durs et de marchander. Il m'avait demandé de me bagarrer un temps soit peu s'il le fallait. Je n’avais jamais aimé me battre en réalité. Même au campus, je fuyais tout ce qui était bagarre et dispute. Surtout avec tout ce qui était syndicat estudiantin car on savait bien comment cela se finissait. Mais pour ce métier, il me fallait me montrer dur. C’est ce que j'avais fait.
Un sourire furtif passa sur mes lèvres. J’avais toujours espéré être professeur d'université. J’adulais ce métier qui demeurait malgré le maigre salaire, un métier noble que tout un chacun devait respecter. À défaut, j'aurais pu faire tout autre chose mais en rapport avec le corps professoral! Mais hélas, la génération sacrifiée où, au lieu que la jeunesse travail, c'était l'argent qui travaillait. Pendant que ces diplômés croupissaient sous le poids de la faim et de l’incompréhension de cette solution qu'ils avaient cru bon de choisir sans grand effet.
Les pompiers venaient enfin d'arriver pour ramasser le corps de ce pauvre jeune qui sûrement devait tout comme moi être diplômé de quelque chose. Comme les autres passants, je suivi du regard le reste de corps que les pompiers couvraient et embarquaient. Quelle triste fin pour ce jeune qui venait de voir ainsi s'arrêter tout ses espoirs...
Une sensation bizarre me parcouru, un froid inexplicable. Je me rendis compte alors que je venais de me faire traverser par certaines personnes venus assister à ce qui semblait être ma fin.
Shannen Rimphrey.
225NOUVELLES
FOL HISTOIRE, FOL AMOUR (2)
Je suis aux urgences, la sœur cadette de la morgue ! J’exècre cet endroit, il me semble être l’étage en dessous de la mort. J’y suis tout de même, j’irai jusqu’à me baigner dans Léthé pour être aux cotés de celui qui y est admis.
Je le regarde, lui telle une pieuvre, membré de nombreux tuyaux lui servant tour à tour à manger, boire et tout le reste. Hier, il était brusquement sorti du coma, m’avait observée langoureusement, puis m’a suffoquée un je t’aime souffreteux. Après, il s’est mis en veille et plus rien. Plus rien, jusqu’à aujourd’hui.
Madame ! Madame ! Je cours voire l’infirmière. Il est encore éveillé, enfin réveillé ! Elle me fait encore le même reproche. Madame ! Nous vous avons signifiée que le patient doit être seul et se reposer.
C’est lui qui lui répond cette fois : Madame, où diantre voyez-vous ici deux personnes ? Elle et moi formons un. Allez ! Vous, laissez-nous plutôt et sortez si vous êtes encline à ma solitude ! Approche Nefert qu’il me dit ensuite.
-Fus-tu heureuse ?
-A rendre jaloux les dieux ! Je le resterai d’ailleurs…
-M’aimes-tu ?
-Incurablement !
-Me pardonnes-tu ?
-Oui si m’aimer comme tu le fis indépassablement est un délit !
-Veux-tu m’épouser ?
-Plus que jamais !
- Déchire une partie de ce tissu. Approche, Domie sera notre témoin !
Après, il est parti ! Mort ! Pour eux il l’était, pour moi il ne le sera jamais. Je venais ainsi de le perdre physiquement. Je me souviendrai toujours de son dernier acte, il m’a demandée de le rejoindre dans son lit de patient et de l’étreindre à faire pâlir cupidon. Il m’a dit : je t’aime et …
Il est parti, tel qu’il m’a traitée : poétiquement. C’est peut être elle la mort qui confirme ou infirme la quintessence de nos attraits. Sa fin à lui, a confirmé les siens : aimant, gentleman, et poétique.
Tout aurait pourtant pu prendre une pente contraire. Il aurait été sûrement en vie, si je n’avais pas été orgueilleuse, si nous ne l’avions pas été. L’orgueil est à l’amour ce qu’est la corde au pendu, il ne faudra plus jamais l’oublier. Il y avait notre orgueil, mais aussi mon voyage. Mon voyage puis l’accident…
***
-Allez ! Tu es prête, il ne faudrait surtout pas qu’on soit en retard ! Revérifie tout Nefert. J’espère que, les numéros et adresse de Ib ont été correctement notés. Une fois sur place, il te faudra immédiatement l’appeler.
Qu’est-ce qu’il avait à familièrement me parler de Ib. C’est lui qui m’intéressait désormais et il l’ignorait. J’aurai aimé alors lui hurler que je l’aime, que j’ai succombé à ses charmes, sa poésie, sa galanterie… En plus, il m’avait surnommé Nefert. Je trouvais cela beau ! Pourquoi donc, ne m’avait-il pas lui aussi dit qu’il m’aimait ? Comment avait-il pu penser que je ne l’accepterais pas ? Bête ! Bêtes et sots les hommes, tout en moi éructait mon amour pour lui, et tout en lui ne voyait que mes amours et désirs pérégrins.
Je suis montée dans la voiture. Nous nous sommes dirigés vers l’aéroport. Sur les lieux, il s’est empressé de faire enregistrer les quelques affaires que j’avais, m’a dit qu’il détestait les au revoir, m’a câlinée, puis a posé ses lèvres sur mes joues. Qu’avait-il donc à donner aux joues, ce que les lèvres désiraient ardemment ? Je l’ai laissé partir, je me suis laisser partir, c’était une partie de moi.
J’étais dans l’avion, prête à décoller. Devant moi l’hôtesse, gesticulant tel un robot. Elle nous instruisait des précautions à prendre en cas de danger. Elle ne s’en doutait guère encore, mais les passagers en auraient besoin. Moi pas…
-Alerte à la bombe hôtesse ! Demandez au pilote d’atterrir en urgence ! Je porte une bombe sur moi qui explosera si …
L’avion est alors subitement traversé par un concert de cris désordonnés, apeurés et retentissant à carillon. Personne ne voulait mourir, moi aussi d’ailleurs. C’est pour cette raison que j’ai inventée cette captieuse bombe. Partir sans lui signifierait indubitablement ma mort, celle de mon cœur, ma mort tout court donc. Je ne pouvais pas ainsi m’en aller, je devais le rejoindre, lui parler… je m’en foutais de Ib et l’eldorado.
Je me suis jetée dans le taxi, mon imagination comme compagnon. Dans ma tète le film de notre rencontre. D’abord je lui infligerai une magistrale paire de gifle, ensuite je l’embrasserai outrancièrement, par la suite ensemble nous consommerons le fruit édénique pendant des heures et des heures. Depuis le moment que je rêve de le faire avec lui…
A quelque centaine de mettre de l’aéroport le conducteur du taxi ralenti. Devant nous, une foule bigarrée, s’affaire autour d’un accident. L’importance des ‘’spectateurs’’ de ce drame me laisse comprendre qu’il s’agit d’un grave accident. C’est ainsi, notre siècle développe une curieuse appétence pour les laids tableaux. Celui là était bien laid, ensanglanté… il y avait donc foule…
Je somme le conducteur d’accélérer la cadence. Je ne peux pas Madame qu’il me dit, l’accident et l’attroupement crée un embouteillage. Le statu quo m’oblige à être moi aussi spectatrice de ce drame.
Les pompiers viennent d’arriver, en retard comme d’habitude. Je suis heureuse, je pourrai enfin m’en aller. A leur arrivée, la foule se fend minutieusement, mimant ainsi à la perfection l’attitude de la mer face à Moise. La fente occasionnellement créée, permet à mon regard de s’échapper. J’observe furtivement une voiture éventrée, les pneus tutoyant le ciel, le passager me parait alors mort. Ladite voiture à donnée un baiser à une remorque, un baiser presque mortel… Mes yeux en doutent toujours, ils ont pourtant torts, c’est sa voiture… Il avait lui aussi décidé de me rejoindre, il voulait m’empêcher de voyager, me dire qu’il m’aime…
Il est dans le coma, transporter dans l’ambulance… je cours alors, crie d’une voie de stentor : c’est mon mari Monsieur ! Laissez-moi rentrer. Les pompiers finissent par abdiquer, pouvaient-ils en faire autrement ? Je me glisse alors violement dans le ventre de la bête rouge, hurlant de son gyrophare : j’y suis et j’y serai tant qu’il y sera… Son coma est le mien, sa mort aussi…
Deux semaines plus tard, j’étais encore aux urgences, dans sa chambre et à ses cotés. Je n’avais pas bougée d’un millimètre, j’étais lui et il était moi. Je l’observais. Non ! Je le contemplais ! Pour moi il valait alors cent Picasso, mille, dix mille peut être bien. Lui, là couché, comateux, inerte l’âme flottante et ballotté entre vie et mort, mais beau et aussi rutilant qu’apollon…
J’étais tiraillée entre attentes et remords. L’attente d’un signe de sa part, et remord de ne l’avoir pas retenu et avoué mes sentiments… Lui aussi n’avait pas à précipiter ce voyage, ce maudit voyage qui bien qu’avorter n’aurait jamais eu lieu, si trois jours avant, entre lui et moi rien ne s’était passé…
Il a eu peur, peur de s’avouer qu’il puisse être amoureux de moi, peur d’assumer…Surtout peur de revenir en arrière, il le faut pourtant toujours. Surtout en amour…
FIN.
SAS
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